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Crouy, comme tous les villages à l'arrière mais relativement proches du front, a subit les multiples vicissitudes de la guerre.

Crouy a d'abord été tout au long du conflit un lieu de casernement pour les troupes au repos.

 

Le cantonnement des troupes

 

C'est ainsi que des anglais ont régulièrement caserné dans le village, dans une ferme prés de l'église où ils ont d'ailleurs mis le feu accidentellement.

A cet endroit se trouvait également plusieurs tranchées abritant plusieurs mètres cube de dépôts de vivres sous forme de conserves empilées en quinconce sur un mètre de hauteur et retrouvées par hasard en 2004 avec quelques gamelles lors de travaux de terrassement.

Des troupes ont également caserné rue de Magny.

Egalement, des troupes Annamites ont séjourné dans une parcelle de terre située à l'entrée du Chemin de Soues. Ils y avaient installé des écuries pour leurs chevaux réputés de petite taille.

Pour aménager ce terrain, ils allaient chercher des pierres dans les ruines de l'Abbaye du Gard. L'agriculteur qui a récupéré le terrain après la guerre a longtemps remonté à la surface maints débris de pierres et de briques.

Les Annamites faisaient partie de la colonie de Cochinchine fondée par la France en 1865 (centre de l'actuel Viet-nam. Ils furent 43430 tirailleurs Annamites enrôlés dans des bataillons principalement chargés de l'aménagement et du transport.

D'autres troupes ont aussi séjourné derrière le Quesnot dans une parcelle où de grandes surfaces empierrées ont été retrouvées.

Enfin, des troupes britanniques ont séjourné dans l'église de l'Abbaye du Gard lesquelles ont accidentellement incendié le toit de ladite église.

 

Mais Crouy a surtout tenu un rôle important car il a porté sur son sol deux hôpitaux militaires dans le courant de l'année 1918.

 

Les hôpitaux militaires

 

En effet, durant cette dernière année, les offensives allemandes, notamment celle de la Somme le 21 mars, puis celle de l'Aisne le 27 mai mais également celle de Noyon-Montdidier le 8 juin, ont obligé les hôpitaux militaires proches du front tel qu'il était avant le 21 mars à se déplacer plus en arrière dans les terres.

C'est ainsi que deux hôpitaux militaires se sont implantés à Crouy :

            ¬ Le "47th Casualty Clearing Station" ou "47th CCS" que l'on peut traduire par le "47ème Poste d'évacuation sanitaire" qui après avoir resté prés d'une année à Lozinghem dans le Pas-de-Calais et un court séjour à Rosières, Picquigny et Montières s'est implanté à Crouy d'avril à août 1918 au lieu-dit actuel "l'hôpital" afin de faire face à l'afflux massif de blessés qui a suivi l'offensive allemande sur la Somme.

            ¬ Le "5th Casualty Clearing Station" ou "5th CCS" qui après avoir resté de juin 1917 à mars 1918 à Tincourt (dans l'est de la Somme, canton de Roisel) s'est installé à Crouy de mars à avril 1918.

On ne connaît pas l'emplacement de ce poste d'évacuation sanitaire. Peut-être était-il joint au 47th CCS, à moins qu'il ne se soit installé vers le Quesnot.

 

Le 47ème CCS, britannique, était dirigé par le Lieutenant Colonel Dive et le chirurgien spécialiste Capitaine Hancock. La sœur responsable était Melle Gray de la "Territorial Force Nursing Service", sorte d'unité intégrant le personnel infirmier. Elle avait sous ses ordres 15 personnes. Lors d'une visite d'inspection par une infirmière en chef, elle déclare : "l'unité à un grand nombre de patients grièvement blessés et le travail est très pénible". Elle se plaint également du manque de matériel fournit par la Croix-Rouge et resté auprès de l'intendance.

 

Le 5ème CCS, lui aussi britannique, était dirigé par le lieutenant colonel Lestrange et le chirurgien major Gordon Taylor. La sœur responsable était Melle Pool, également de la "Territorial Force Nursing Service". Elle possédait une équipe de 13 personnes. Lors de la même visite du 47ème CCS, l'infirmière chargée de l'inspection a proposé à Melle Pool d'agrandir son effectif à 15 personnes et d'y adjoindre une infirmière provenant du 41ème CCS alors fermé.

Ce 5ème poste d'évacuation sanitaire possédait un chirurgien fort émérite, M. Gordon Taylor qui grâce à son expérience acquise à ce poste, notamment dans les blessures de l'abdomen, est devenu plus tard en Grande Bretagne un des plus grands chirurgiens de son temps, encore bien connu à l'heure actuelle dans le monde la médecine.

 

 

Ci-contre :

Sir Gordon Gordon-Taylor

 

 

 

 

 

 

 

 

Ces deux hôpitaux militaires étaient alimentés en blessés par des "trains ambulance" qui circulaient sur l'actuelle voie Amiens-Boulogne.

 

Les Trains ambulance

 

Au début de la guerre ces trains étaient composés de wagons voyageurs français aménagés pour transporter des blessés. Mais très vite il s'est avéré que ces wagons transformés étaient peu pratiques et ne permettaient pas de soins pendant le transport.

Aussi, l'armée britannique à rapidement décidé de faire construire ses propres trains ambulance et de les faire circuler sur le réseau ferré français.

C'est ainsi qu'ont roulé 42 de ces trains numérotés de 1 à 11 pour les trains français reconvertis en trains ambulance et de 12 à 43 pour les trains construits en Angleterre (il n'y avait pas de numéro 13 ! )

 

 

 

 

Ci-dessous :

 

Déchargement de blessés dirigés ensuite dans un poste d'évacuation sanitaire (train français de marchandises aménagé en ambulance).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ci-dessous :

 

Intérieur d'un train ambulance

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur la ligne Amiens-Boulogne, qui traverse le village de Crouy, circulait le train ambulance n° 33 ("33 Ambulance Train", surnommé "Gabrielle" par nos amis Anglais) qui, partant d'Amiens, alimentait les hôpitaux militaires situés sur sa route jusqu'à Abbeville. De là, certains grands blessés étaient évacués sur un hôpital situé au Tréport tandis que d'autres, encore plus gravement blessés étaient évacués sur Boulogne pour se retrouver dans des hôpitaux spécialisés en Grande Bretagne via le port de Douvres.

C'est ce train ambulance n° 33 qui alimentait en blessés les 47ème et 5ème poste d'évacuation sanitaire de Crouy par le biais de deux arrêts :

 

* Un premier arrêt situé entre Saint-Pierre-à-Gouy et l'Abbaye du Gard, là ou la voie ferrée longe au plus prés la route nationale. Les blessés étaient alors pris en charge par des voitures à cheval pour être emmenés au 5ème CCS.

 

 

Ci dessous : le premier arrêt

 

 

 

 

 

 

 

* Un second arrêt situé après le Quesnot. Les blessés étaient alors pris en charge par un train léger circulant sur une ligne à voie étroite de type Decauville installée pour l'occasion. Cette ligne partait donc de cet arrêt provisoire jusqu'au 47ème poste d'évacuation sanitaire de Crouy puis repartait ensuite sur Fourdrinoy car cette ligne à voie étroite était aussi utilisée à l'occasion pour le transport de troupes britanniques au repos dans le village de Fourdrinoy.

 

Ci-contre :

 

Chemin de fer léger de type Decauville servant au transport de troupe ou de blessés à l'arrière du front comme celui qui allait de Crouy à Fourdrinoy

 

 

 

 

 

Le train ambulance n° 33 possédait un personnel conséquent : deux officiers médecins, 3 sœurs infirmières et 47 autres personnels du Royal Army Medical Corps (RAMC).

Il possédait de la place pour 306 patients couchés et 80 assis. Il mesurait 290 mètres de long et pesait 450 tonnes.

Il était composé de 16 wagons assemblés dans l'ordre suivant :

 

le wagon S : voiture des contagieux

les wagons L,M,N,O : voitures des blessés avec 36 lits chacune

le wagon G : voiture cuisine

le wagon P : voitures des blessés assis

les wagons B,C,D,E : voitures des blessés avec 36 lits chacune

le wagon H : voiture cuisine

le wagon F : voiture pharmacie et bureaux

le wagon H : voiture du personnel

 

le wagon T : voiture à freins et stockage divers

 

Le train ambulance n° 33 transporta ses premiers patients au nombre de 310, d'Etaples à Calais le 30/08/1917. Le plus grand chargement de patients, 694, fut transporté le 20 mars 1918 durant l'offensive allemande sur la Somme. Il eut à subir deux accidents ferroviaires dont le premier et le plus important se produisit à Crouy le 7 août 1918 quand il fut percuté par un train de marchandises français. La voiture N fut détruite et les voitures O, L et M sérieusement endommagées. Heureusement ces voitures ne transportaient aucun patient.

Ce train fut démobilisé et mis hors service le 8 mai 1918. La voiture C, d'un poids de 27 tonnes, est encore exposée à l"Imperial War Museum" de Londres.

 

Ci-après :

 

Voiture des blessés couchés dans le train ambulance n° 33


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le cimetière britannique

 

 

Le cimetière militaire britannique de Crouy a été conçu pour accueillir les soldats décédés dans les deux hôpitaux militaires du village à savoir le 47ème CCS et le 5ème CCS.

A l'origine, c'était un champ qui fut concédé à vie à l'état britannique. Les premiers monuments n'étaient que des croix de bois avant de devenir de véritables pierres tombales.

 

Ci-après, la croix en bois du soldat Arthur Morris érigée dans le champ qui deviendra le cimetière britannique de Crouy.

Ci-dessous, le télégramme informant Mme Morris du décès d'Arthur Morris au 47ème poste d'évacuation sanitaire de Crouy.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'hommage aux soldats

 

 

 

En 1922, le roi Georges V d'Angleterre décide d'effectuer un pèlerinage aux cimetières du front ouest. C'est ainsi qu'il se rend le 12 mai 1922 au cimetière britannique de Crouy.

Ci-après, le roi Georges V parlant avec deux parents australiens endeuillés au cimetière de Crouy.

 

 

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Patrick Van Laecken

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Arthur Morris
Georges V à Crouy
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