J'ai bien connu André Demonchy. Pour cause : c'était mon voisin !

 

C'était un homme affable, discret, sympathique, toujours souriant. Avec sa femme, Renée, ils passaient une retraite paisible dans l'ancien presbytère de l'église de Crouy où M. Demonchy peignait et Mme Demonchy cultivait son jardin. En bonne épouse, elle savait organiser cette vie de couple et tous deux coulaient des jours heureux. Leur jardin étant voisin du nôtre, on avait sans cesse l'opportunité de se dire bonjour, et, à l'occasion, de discuter une peu de la pluie et du beau temps.

Après le décès de sa femme, M. Demonchy continua de peindre dans un premier temps mais il s'acoquina vite avec la dive bouteille et ses mains tremblantes eurent raison de son art.

Un soir, alors que je dormais à poings fermés, j'entendis des claquements comme des pétards de feu d'artifice. En me levant, je vis une lueur rougeâtre inhabituelle éclairer tout le jardin : c'était le presbytère qui était en feu ! M. Demonchy n'eut la vie sauve que grâce au courage d'un habitant du village qui l'extirpa in extremis des flammes. Son chien périt dans l'incendie ravageur qui, attisé par les colles, vernis et autres peintures détruisit en outre la totalité du bâtiment qui abritait des dizaines d'œuvres perdues à jamais.

A partir de ce moment, M. Demonchy partit en maison de retraite à Picquigny où il finit ses jours, comme le fut sa vie, discrètement.

Si j'ai réalisé cette page, c'est un peu pour honorer la mémoire de cet homme, petit par sa discrétion mais grand par son talent. Car, il faut bien le dire, peu de monde dans le village, moi le premier, avait conscience de ses qualités de peintre naïf. De son vivant, nous ne l'avons pas reconnu à sa juste valeur.

C'est donc pour réparer cette erreur, que j'ai décidé de lui rendre cet hommage en créant cette page Web qui regroupe un ensemble d'œuvres et autres documents que j'ai pu glaner ici ou là ; mon seul regret étant que je ne l'eus pas fait de son vivant afin qu'il en retire un peu de fierté.