André Demonchy a eu l'occasion de participer à de maintes expositions.
Parmi celles-ci, l'exposition Arcanes à Bruxelles en janvier et février 1969 fut un franc succès, comme toutes les autres d'ailleurs.
Cette page vous donne un aperçu du livret de l'exposition
Au XXe siècle, l'évolution de l'art semble se faire à rebours. Pour un Martien, il serait logique de croire que Van Eyck est l'aboutissement de ce qui se fait aujourd’hui.
La civilisation moderne serait-elle si accablante que tant d'artistes s'attachent aux objets bruts, aux réductions rudimentaires, aux structures primaires, comme pour retrouver un état primitif, une pureté originelle ?
Ce retour à l'enfance de l'art relève de nombreux facteurs auxquels manque une vertu essentielle : l'innocence.
Car on est loin de la pureté originelle. Seul un naïf pouvait en retrouver le fil. En acceptant de transmettre sa vision du monde sans artifice, sans préoccupation théorique, opportunisme de mode, souci de tendance, ruse technique ou esthétique.
Un art en marge, authentique, libre de toute mainmise extérieure.
C'est cela, André Demonchy.
Peut-être parce qu'il n'a pas suivi d'école ou de modèle. Peut-être parce qu'il n'a aucun parti pris. D'une enfance malheureuse (l'Assistance publique) il est passé à la SNCF comme chauffeur de locomotive. La modernisation du réseau l'a mis à la retraite avant l'âge, sous prétexte qu'il était trop petit.
Et le voici qui devient grand. Bien plus grand qu'on ne serait capable de l'imaginer dans les chemins de fer.
Rien sans doute ne le prédestinait à se faire remarquer comme artiste. C'est venu par nécessité. En juillet 1944, les Allemands sont encore à Paris et le ravitaillement est difficile. Demonchy vient de se marier avec une femme qui a déjà une petite fille de 8 ans. Pour arrondir le budget familial, il dessine, fait des gouaches. En 1947, il rencontre M. de la Frégonnière qui l'incite à peindre à l'huile et lui offre même le matériel adéquat. C'est le succès. Expositions à Paris, à New-York. Intérêt d'Anatole Jakowsky, le spécialiste de la peinture naïve, aide et protection d'André Breton, Max-Pot Fouchet, et d'un homme de la chanson, René-Louis Lafforgue. Le succès s'étend. Demonchy se vend bien à New-York. En France, il participe à deux films, « Le voyage à Paris » de P. Mathieu (d'après Marcel Aymé) et « Le peintre incompris » de René Lucot. II illustre « Le bœuf clandestin » de Marcel Aimé et ce dernier, dont on connait le goût pour la spontanéité et la sincérité, devient un fervent de son œuvre.
Un tel miracle ne s'accomplit pas sans raison.
Celle qui permit de découvrir Demonchy est exactement la même qui révéla Bouchant ou Bombois,
Van dan Driessche ou Lecossois, O'Brady ou Jean Fous, Grand'Ma Moses ou Joseph Pickett, Ivan Generalic ou Orneore Metelli : la certitude qu'une inspiration fraîche, imposant une vision originale, n'a nul besoin de ruser pour peu que les valeurs picturales soient suffisantes.
La bonne peinture est une fête. Celle d'André Demonchy est une joie. Une joie de vivre se transpose pour nous en joie de voir et d'entrer dans des paysages où tout est d'une ligne précise et de couleurs vives, avec ce je ne sais quoi qui nous menace d'un chromo, n'était que Demonchy est un prodigieux imagier. Ce sont des visions de notre enfance qu'il restitue. Et comme en tout homme il y a
un enfant qui sommeille, il suffisait de le réveiller.
Pour réussir, voici des images qui font rêver. Les lois de la perspective subissent quelques amendements aussitôt acceptés. Comment refuser la saine vigueur de leurs effets ?
Même lorsqu'il est anecdotique et, comme beaucoup de naïfs, descriptif, Demonchy reste conforme au précepte de Braque selon lequel « peindre n'est pas dépeindre ». Sans doute sans le vouloir, car on devine une tentative d'approche de la réalité objective. Heureusement, elle échoue. Malgré le souci de précision, c'est la virginité de la vision qui s'impose, redonnant à nos regards un éclat
pur que la vie avait terni.
Alain Germoz
Un aperçu des tableaux de l'exposition :
Liste des œuvres de l'exposition :
1. L'intérieur d'une maison de campagne
2. Le Saut du Rhin à Rheinfall
3. Les bûcherons en forêt l'hiver
4. Le Palais du Prince de Monaco
5. Le bal de nuit le 1er de l'an
6. Les vendanges dans l'Yonne
7. La rue Lhomond à Paris sous la neige
8. L'arbre de Noël à l'école
9. La fenaison dans l'Yonne
10. Le Puy en Velay dans le Puy de Dôme
11. Corrida de toros
12. Le Tréport et la plage
13. La cueillette des pommes
14. La pêche à Semur-en-Auxois (Côte d'Or)
15. Un match de football
16. La plage de St Raphaël
17. Les jardins du Luxembourg sous la neige
18. La lieutenance au port de Honfleur
19. La statue de St Joseph au Puy en Velay
20. La Tour de l'horloge à Auxerre sous la neige
21. La Tour penchée de Pise
22. Semur-en-Auxois sous la neige
23. Moret-sur-Loing sous la neige
24. L'église de St-Germain-des-Prés sous la neige.
25. Le Moulin Rouge à Paris
26. Quimper en Bretagne
27. Le cirque avec des clowns
28. Le Château de la Rochecourbon
29. Un coin de St-Tropez